loi de 1905

 

Le Réveil Anicien et la Laïcité…

Fondée en 1893, à l’initiative de quelques Frères de la RL l’Industrie, à l’Or. De St Etienne, dont Charles Dupuy, la RL.’., le Réveil Anicien, GODF, est toujours présente et active dans le département de la Haute Loire.

Dès le début de son activité, elle s’est résolument engagée dans la défense de la justice et de la laïcité, entrant ainsi en lutte avec ce qu’elle appelait alors « les forces réactionnaires ».

Un certain nombre de faits et prises de position nous éclairent sur les orientations de la jeune loge :

Ainsi, en 1893, une délégation du Réveil Anicien , portant bannière aux emblèmes de la loge est présente dans le cortège funèbre qui accompagne le ministre de l’éducation, Jules Ferry, à sa dernière demeure.

A plusieurs reprises, dans le courant de l’année 1898, la loge s’élèvera contre les agissements du préfet de la Haute Loire, Monsieur Leblond, qui se refusait à faire appliquer l’obligation d’afficher dans toutes les communes du département l’arrêté prit par la cour de cassation, annulant le jugement de 1894 à l’encontre du capitaine Dreyfus.

Cette même année, suite à la création de la Ligue des Droits de l’Homme, une grande partie des membres de la loge adhère à ce mouvement. La section locale de la LDH disparaîtra à la veille de la Grande Guerre. Elle ne renaîtra qu’en 1988 à l’initiative d’un certain nombre de frères de la loge. Elle est toujours active dans le département.

En 1899, le Grand Orient diffuse dans toutes les loges un rapport dénonçant « le virus clérical » (sic) qui s’infiltre lentement dans les veines de la nation et invitant les FFMM à lutter contre lui. Le Réveil Anicien s’engage dans cette lutte. Lorsque le 9/12/1905 une loi annonce que « la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte », la loge ne peut qu’approuver et elle s’engage l’année suivante dans les inventaires qui sont effectués, comme le stipulait la loi de 1905.Un frère est même blessé au cours des échauffourées qui accompagnent les inventaires. En 1906, la loge transmet au Conseil de l’Ordre une nomenclature précise des écoles religieuses du département qui devront être fermées à la prochaine rentrée scolaire.

La Grande Guerre va disperser et endeuiller le Réveil Anicien qui ne pourra reprendre ses travaux avec beaucoup de difficulté qu’en 1920, et ce, jusqu’à la deuxième guerre mondiale, où une fois encore la loge paiera un lourd tribut à l’Histoire.. Il faudra alors attendre 1946 pour qu’une poignée de frères rescapés décident de redonner force et vigueur à leur atelier qui a atteint aujourd’hui sa vitesse de croisière.

Si au début du siècle la loge s’engage en tant que telle, comme force de combat, dans la défense de la laïcité, n’hésitant pas à prendre publiquement position à travers les media ou les manifestations publiques, on assistera peu à peu à l’intériorisation de sa lutte, la loge devenant davantage un laboratoire d’idées, à charge pour chaque membre de l’Atelier de s’engager individuellement comme citoyen responsable et militant sur son lieu de travail, dans les syndicats ou associations pour répandre les vérités acquises (ce qui n’empêche pas qu’à plusieurs reprises – comme en 1984 ou 1995 – des membres de l’Atelier prirent part es qualité à des manifestations pour la défense de la laïcité).

En 2005, cent ans après la loi sur la séparation des Églises et de l’Etat, la loge continue donc à œuvrer pour la défense et le respect de la laïcité, aussi bien en son sein que dans la cité : plusieurs de ses membres l’on représentée ces dernières années aux plus hautes instances de l’Ordre notamment dans la Commission Nationale Permanente de la Laïcité et sont engagés d’autre part comme militants, voire responsables d’associations laïques.

Le Réveil Anicien poursuit ses travaux en harmonie avec les principes capitaux de l’Ordre Maçonnique, accueillant les hommes et les femmes de bonne volonté afin de propager les idées de progrès et de tolérance.

Centenaire de la Loi de 1905 …

A l’occasion de la commémoration du 100 ème anniversaire de la séparation des églises et de l’état, il nous a paru opportun de préciser notre vision sur ce que représente pour nous, Francs Maçons, la notion de laïcité.

La laïcité : Le concept

Issue de la philosophie des lumières, la laïcité est apparue d’abord en réaction contre le pouvoir clérical et ses dérives. Elle a progressivement évolué pour prendre rang aux cotés des valeurs républicaines à part entière, au même titre que l’Egalité et la Liberté.

Elle est un idéal universaliste. C’est une éthique pour vivre ensemble dans le respect de nos différences et en espérant que celles-ci puissent nous enrichir mutuellement.

La laïcité c’est la liberté de conscience, la liberté de croire ou de ne pas croire, c’est l’égalité des opinions et des convictions ; en cela, elle constitue à la foi la synthèse et la pierre angulaire des valeurs de liberté et d’égalité.

Elle permet à chacun de forger sa propre opinion, en toute indépendance et sécurité, parce qu’elle enseigne aussi la résistance à toute forme de pensée unique et le respect des minorités. Elle ne reconnaît à quiconque le droit de porter atteinte à l’intégrité physique et morale de l’être humain, sous couvert de coutumes et de traditions.

Valeur philosophique de tolérance, de respect d’autrui, de pensée libre, comment la laïcité pourrait-elle être un frein à qui cherche et travaille à l’amélioration de soi-même dans la conduite de sa vie ? Elle est très probablement source de difficultés à qui rêve de diriger la conduite des autres ; il en est ainsi de ceux qui, d’une manière ou d’une autre, cherchent à exercer le pouvoir dans la société sous couvert notamment de la religion ou de la politique.

La laïcité établit strictement la différence entre ce qui est du domaine public et ce qui est du domaine de la vie privée.

La laïcité vise à émanciper le citoyen et non à le conditionner.

L’individu est citoyen avant d’être croyant. La croyance est une affaire personnelle.

A travers le monde, beaucoup d’États garantissent la liberté de conscience, d’expression, et le principe de non discrimination, mais ils ignorent la laïcité. La laïcité française est perçue comme une sorte d’exception, elle est sujette à beaucoup d’amalgames, elle est souvent réduite à une hostilité envers les religions alors que c’est une question de droit.

La compréhension

Ce qui pose problème, ce n’est pas la compréhension du concept même de laïcité, mais d’avantage l’absence de volonté affirmée pour traduire son contenu dans notre espace de vie commune.

La laïcité est souvent perçue comme un combat anti-clérical, comme un rejet systématique de toutes structures religieuses, de tous concepts philosophique, métaphysique. Elle apparaît parfois comme une caricature d’intolérance pure et dure, d’un sectarisme intransigeant. Par leurs affirmations sans partages, certains laïcs en oublient souvent l’élémentaire définition de son concept qui, pour l’essentiel, est le respect de l’autre, de son espace privilégié de citoyenneté : les mêmes droits et devoirs pour tous.

Le combat anti-religieux, voire anti-clérical « primaire » , est un faux combat, ou tout au moins un combat dans lequel on peut gaspiller beaucoup d’énergie pour rien. Il nous semble plus positif de faire comprendre que la laïcité repose sur le respect de la croyance de l’autre hors de la sphère publique et que dans le cadre de cette dernière tout soit mis en œuvre pour que l’appartenance à telle ou telle famille de pensée ne soit ni un obstacle, ni un tremplin pour le cheminement de l’individu dans la société.

L’histoire nous montre clairement la relativité des idéologies, des croyances, des pensées dominantes, qu’elles soient politiques, religieuses ou autres ; tirons en tous les enseignements pour fonder notre avenir commun sur le socle durable de la laïcité, nouvel horizon de la vie en société.

 

MOYENS A METTRE EN OEUVRE

Communiquer et éduquer

Il faut dissocier la laïcité de l’athéisme pour éliminer toute confusion et tout malentendu entre ces deux termes. La religiosité et l’athéisme sont de la sphère du privé de chaque individu. La laïcité est de la sphère publique. Elle garantit les libertés individuelles du citoyen.

Ainsi quand le cléricalisme quel qu’il soit sort de ses attributions spirituelles et prend une position de pouvoir dans la sphère temporelle, il s’agit alors d’une atteinte à la république.

Quand sont évoqués les problèmes soulevés par le respect de la laïcité dans la vie quotidienne des citoyens, viennent à l’esprit, les affrontements idéologiques autour de la présence ou non de signes religieux dans l’enceinte des structures scolaires et universitaires…

Nous souhaitons qu’une action en profondeur sur le fait laïque soit élaborée, et orientée vers un large public, et introduite dans les programmes scolaires d’instruction civique, d’histoire des religions et de philosophie. Il est nécessaire que cette morale laïque soit enseignée aux enfants dès leur plus jeune âge. Elle n’exclut aucune des règles de politesse, de bienséance et de savoir vivre présentés dans les préceptes religieux.

De cette façon, les jeunes de toutes les ethnies apprendront à travers l’histoire , les fanatismes, les souffrances et les massacres engendrés par toutes les religions qui ont déformé leur messages de paix de justice et d’amour. Ils découvriront alors cette valeur inestimable qu’est la démocratie, porteuse de tolérance.

De plus, nous considérons que l’exclusion des cours des jeunes filles voilées est un geste trop brutal. Il y a eu jusqu’ici 427 exclusions sur 10 millions d’élèves. Nous ne souhaitons pas qu’elles soient éloignées des règles de la république et regroupées dans des écoles coraniques. Nous proposons qu’une éducation spécifique sur la laïcité leur soit donnée pendant une année afin qu’elles choisissent de s’intégrer aux bienfaits des écoles de la république… ou de s’en exclure.

Politique européenne :

Les travaux d’élaboration de la constitution européenne ont largement butés sur le concept de laïcité, tant les opinions divergent sur la portée à donner à ce principe parmi les dirigeants européens.

Le GODF œuvre avec les diverses obédiences Maçonniques européennes pour éveiller les opinions publiques des divers pays sur les enjeux et l’intérêt pour la paix civique, à une meilleure connaissance de la notion de laïcité prise dans sa globalité.

L’émergence d’une citoyenneté européenne authentique ne peut que reposer sur le respect des différences des diverses cultures.

La laïcité constitue le ciment de cette diversité.

Une démocratie qui ne s’appuierait pas sur le poids politique des diverses communautés n’aurait pas d’avenir.

Nous devons vivre ensemble dans un espace économique et géographique de plus en plus restreint. Nous devons nous accepter les uns les autres avec toutes les différences de toutes les populations de la planète. L’article premier de la constitution française reflète bien cela et il est judicieux de le rappeler « La France est une république une et indivisible , laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race et de religion. Elle respecte toutes les croyances ».

Précisons qu’elle respecte également les non croyances.

Chaque Franc-Maçon du GODF porte au dehors du temple les valeurs de liberté de conscience, d’expression de tolérance, de respect d’autrui dans sa personne et sa pensée.

Ce faisant, il agit efficacement en faveur de la laïcité.